Colonnes des ateliers théologiques de Montferrand-le-Château (Doubs)

Une re-mise en valeur de l’humour nous semble s’imposer. Merveilleux créateur de liberté, belle légèreté de l’esprit de gratuité, l’humour fut sans doute introduit dans la civilisation occidentale – et inventé – par le portrait plein de finesse et d’esprit que Paul envoya de lui-même à Corinthe. Son art de présenter la vérité sous la forme paradoxale d’une auto-dérision y apparaît comme pierre de touche de la foi chrétienne et de la liberté évangélique.

Alors que, dans l’ironie ou dans la moquerie, le rire se conforte lui-même en mettant en question ou en ridiculisant les faiblesses d’autrui , ou ce qu’il considère comme telles – raison pour laquelle, sans doute, les évangiles ne rapportent jamais que Jésus ait ri – le rire acquiert dans l’humour une tout autre dimension. Car il devient l’expression constructive et forte d’une faculté de distanciation critique par rapport à soi-même.

C’est à partir de là qu’il permet l’émancipation d’un regard décapant sur les apparences, sur les évidences supposées admises, sur les convictions propres, évidemment, sur la séduction des idéologies et sur l’emprise exercée par les pouvoirs, par les techniques ou par les choses sur l’humanité des êtres. Grâce vécue d’un rire, d’un sourire peut-être, l’humour est donné comme moment créateur de clarification, de renouveau et de changement, personnel, politique ou social.

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