Florence Nightingale

"La Dame à la lampe" (1/2)

ARTICLE PARU DANS LE TUPC N° 326 DE MAI 2023

« La Dame à la lampe » était Florence Nightingale, une héroïne nationale en Angleterre. Infirmière des soldats anglais hospitalisés pendant la guerre de Crimée (1853-1856), elle faisait chaque nuit une ronde dans les chambrées, une lanterne à la main pour rasséréner les malades. Mais ce n’était qu’une étape dans une longue vie de dévouement.

 

• L’éveil d’une vocation
Florence naquit en 1820 dans une famille de la haute société britannique. Son destin semblait tout tracé : très bien éduquée elle ferait un beau mariage et tiendrait avec distinction la maison de son époux. Son père lui avait donné de surcroît une instruction poussée, ce qui était rare pour une fille. Ses parents étaient protestants. Ils possédaient deux vastes domaines et payaient les soins médicaux de leurs voisins nécessiteux. En 1837 une grave épidémie de grippe survint. Pendant quatre semaines Florence soigna sans relâche les malades. Par la suite elle nota dans son journal intime : « Dieu m’a appelée à son service ». Pour elle c’était devenir infirmière. Sa famille s’opposa à son projet durant quinze années. Exercer un métier n’était pas jugé convenable pour une femme de la bonne société, et en plus dans un hôpital ! Ces lieux étaient des mouroirs pour les pauvres. Le personnel était constitué de femmes du peuple sans formation. Les familles qui le pouvaient soignaient leurs malades à la maison. En 1852 les parents de Florence l’autorisèrent enfin à suivre sa vocation. Elle partit faire un stage pratique de trois mois chez les diaconesses luthériennes de Kaiserswerth près de Düsseldorf. Il n’y avait pas à l’époque d’école d’infirmières et elle pensait que c’était là qu’on donnait la meilleure formation de soignante plutôt que dans d’autres ordres hospitaliers. L’année suivante, elle obtint le poste de surintendante d’un « institut de soins pour dames malades » situé à Londres. On y accueillait gratuitement des femmes impécunieuses, mais de bonne famille. Elle mit aussitôt en application son récent savoir.

 

• Infirmière de guerre en Crimée En 1854
le Times dénonça un scandale : 40% des soldats hospitalisés mourraient et dans neuf cas sur dix c’était à cause des maladies contagieuses : choléra ou typhus et non du fait des blessures. Autre raison de l’hécatombe : le manque de personnel et la mauvaise tenue des hôpitaux de campagne. Le secrétaire d’état à la guerre, un ami de Florence lui demanda d’aller réorganiser le plus grand d’entre eux, celui de Scutari (qui comptait pas moins de 2 200 patients) en lui donnant les pleins pouvoirs. Elle partit à la tête de trente huit bénévoles : « les ladies » et quatorze sœurs de la Miséricorde (un tier des soldats britanniques étaient des Irlandais catholiques). Florence Nightingale imposa des règles d’hygiène strictes pour l’époque : à commencer, pour les dames, se laver les mains fréquemment, nettoyer les locaux, les aérer, laver les draps et le linge. Elle améliora aussi l’ordinaire des malades grâce un chef cuisinier français renommé qui avait travaillé en Angleterre. Elle avait également souci de remonter le moral des malades non seulement par ses rondes nocturnes mais aussi en rédigeant les lettres des analphabètes et en organisant des lectures publiques. Résultat : le taux de mortalité de l’hôpital tomba à 2%. On comprend qu’en rentrant en Angleterre elle fut traitée en héroïne. Mais elle écrivit dans son journal intime: « la première tentation qu’il faut vaincre est de briller en société ». Sa mission continuait, et elle n’allait pas s’arrêter.

 

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